Et pour la marine, la question n'était pas tant l'énergie cinétique que le pouvoir de pénétration du projectile dans le bois (dont étaient faits les bateaux à l'époque) afin de toucher les marin cachés derrière.
Je suis un peu dubitatif sur cette histoire de 36 plus adapté à percer du bois ou des vêtements épais de marin. C'est vrai qu'un projectile à section plus courte pénètre mieux que le même projectile plus gros à vitesse constante. Mais on est quand même sur des vitesses assez faibles, atteignant péniblement 300 m/s. Et encore, avec une poudre suisse du XXIème siècle. La PN du XIXème était sans doute moins propre.
Ca me fait penser aux arbalètes et à la phrase qu'on lit dans tous les livres d'histoire, à savoir que le carreau était le seul trait qui pouvait passer une armure de chevalier. J'y ai cru comme tout le monde, puisque c'était écrit partout. Jusqu'au jour où j'ai vu une vidéo d'un gars qui a voulu savoir si c'était vrai. Il s'est escrimé à cribler une armure à plaques et un haubert avec des carreaux d'arbalète d'époque à une distance de 5 m. Résultat : les carreaux n'ont même pas passé la cotte de mailles. Dans le même esprit, on lit partout que les armures des chevaliers étaient très lourdes et que le susdit chevalier pouvait difficilement se mouvoir. On se demande d'ailleurs comment ils pouvaient se battre douze heures durant à la bataille de Bouvines. Un type en a enfilé une et a fait des galipettes devant une caméra. Il faisait sans problèmes des roulades de judo.
Donc tout ça pour dire que c'est bien de faire des essais pratiques de temps en temps. Même si ce n'est pas fait de façon très scientifique, ça relativise des propos qui parfois se multiplient à la vitesse d'internet sans qu'on sache trop d'où ça sort. Cela dit sans vouloir te contrarier.
Pour en revenir au 36, si le 1851 a eu un tel succès, c'est peut-être avant tout parce qu'il n'y avait pas pléthore de propositions à cette date pour une arme portative à répétition. Les aciers n'étant pas encore de très bonne qualité, c'était fromage ou dessert. Soit on tirait du lourd mais on revenait à l'énorme Walker, soit on voulait une arme portable à la cuisse mais il fallait réduire le calibre.
Cela dit, et c'est pourquoi je me suis intéressé à ces questions d'énergie cinétique et de pouvoir d'arrêt des armes d'antan, je me demande à quoi pouvait ressembler les engagements de l'époque. Même si nous faisons de l'utilisation de ces objets un loisir, ils n'ont pas été conçus pour ça mais pour le combat. Il fallait être capable d'arrêter instantanément un indien, un mexicain, un outlaw, le voisin ... D'après les mesures faites, il semble que le 44 pouvait remplir pleinement cet office. Je m'interroge par contre sur l'efficacité du 36 en situation réelle. C'était sans doute un calibre vulnérant mais pas fracassant. Certains ont dû se faire des frayeurs.