Bon, excellentes réactions des membres ayant répondu à ma question qui était plutôt piégeuse, je le reconnais. Personne ne s'est précipité pour me dissuader de me présenter à un arbitre avec ce pistolet, ou me prévenir de sa catégorie légale !
Mais hors quelques armes à PN espagnole, classées maintenant en B, je ne connais pas de réplique de pistolet à percussion "Inline" assez élaborée pour faire du point en match. Et jusqu'au jour de mon acquisition je n'avais encore jamais vu d'original du XIXme siècle de ce type. Même sur internet.
C'est donc un original d'époque, sans hésitation !. Un pistolet de tir à percussion allemand du milieu du XIXme siècle, de réalisation assez luxueuse.


Il dispose d'un canon octogonal de 28cm de long, à 8 rayures hélicoïdales en "anses de panier", d'une détente stecher à deux queues, d'un guidon dérivable et d'une hausse réglable en hauteur.
Le calibre est d'environ 11,63mm (.458") au fond des creux et 10,57mm (.416") au sommet. Soit des reliefs de 0,53mm de haut !


La monture est en noyer, sculptée de rameaux. Le motif est repris sur les parties en fer, calotte incluse.

Le canon, lisse, semble avoir été bronzé brun. Le nom et la localisation du fabriquant, "F. WEILAND IN CASSEL", est inscrit en lettres d'or sur le pan supérieur.


Le Net ne livre pas beaucoup de renseignements sur cet armurier.
Les autres marquages sont très limités : "1846", la très probable année de fabrication, "F.W." sous le canon, et une inscription fine à la base du canon, au dessus, dans laquelle je crois distinguer "...STAHL BOH..." ?? (acier...).

La particularité de ce pistolet est le mode de percussion de la cheminée dans l'axe du canon. C'est ce que les anglo-saxons appellent "in-line" ou "staight-line". C'est la première fois que je vois un pistolet d'époque, dédié au tir de précision, ainsi réalisé. Si quelqu'un connaît un autre pistolet comparable je suis preneur des infos.
Ceci implique une architecture du mécanisme complètement différente de celle des platines latérales qui étaient la norme au milieu du XIXme.


L'essentiel du mécanisme est sur le demi cadre en acier du bas : stecher, gâchette et chien avec son grand ressort. La partie du haut supporte la hausse et maintient l'arrière du canon.
Le chien, articulé sur la partie du bas, coulisse dans la partie du haut avec un ajustement très serré, je suppose pour éviter l'entrée des gaz de la cheminée dans le mécanisme.
C'est très bien conçu mais assez délicat. A la moindre courbure ou vrillage de l'un des deux demi-cadres le mécanisme ne fonctionne plus correctement : la mise en bois doit être parfaite. Mais le bois a joué avec le temps et l'enfoncement des vis reliant les parties fer à la monture bois est devenu critique.
Ce pistolet était complet, sans manque de bois, mais loin d'être en état de tir lors de son acquisition : hausse bloquée, stecher inopérant, tenue au cran d'armé aléatoire, et même quand le chien était enfoncé la hausse restait invisible... Et le pompon lors du démontage : monture bois en deux morceaux, cassée au niveau du chien.
Quelques joyeuses heures déjà passées à la restauration, et ce n'est pas tout à fait fini, sur le plan cosmétique comme sur l'état de tir. Par exemple la cheminée s'est avérée trop étroite pour les amorces modernes, type C11 ou même C10.
La mise au point d'un chargement de précision attendra donc un peu.
Voila pour la dernière entrée dans ma collection de pistolets de tir ou de duel. Désolé pour avoir débuté avec cette question piège, mais si vous avez des questions je suis prêt à y répondre.