J'avais aussi constaté un nombre important de "flyers", surtout quand j'utilisais des calepins trop grands. J'ai alors essayé d'envisager quels défauts de réalisation ou mauvaises manipulations pourraient être à l'origine de ces flyers. Ceci dés l'enfoncement dans le canon, ou ensuite lors du tir, mais toujours à l'abri du regard.
Avantages recherchés :
J'ai donc essayé de rendre mes calepins :
- Plus rapides à mettre correctement en place que les modèles "à plat", avant l'éventuel coup de maillet.
- Mieux centrés sur la bouche du canon, et de façon régulière.
- Plus petits et avec des bords qui restent plaqués le long des parois du canon lors de l'enfoncement : moins de trituration du tissu par les tiges.
- Un peu plus solides à la déchirure et à l'effilochage, à épaisseur égale.
- Plus étanches aux gaz, à travers le tissu ou le long des plis.
- Plus étanches aux lubrifiants, pour pouvoir badigeonner l'extérieur d'un calepin en laissant l'intérieur sec, pour un "grip" maximum sur la balle et la bonne transmission à cette balle de la mise en rotation par les rayures.
Et comme avec cette technique je peux superposer, et coller entre eux, plusieurs couches (2 à 4) de tissus différents, je peux multiplier les épaisseurs possibles de calepins et même associer des tissus ou couches de fonctions complémentaires (solidité, compressibilité, imperméabilité...). C'est surtout utile dans des armes d'époque, à rayures très en relief.
Ceci tout en restant dans les règles MLAIC, même si rien n'est spécialement prévu pour les calepins. Mais : " Les bourres plastiques ne sont pas autorisées dans les épreuves. Les bourres doivent être issues de matériaux naturels et/ou organiques." Or le latex est un produit naturel, qui était déjà utilisé par les Olmèques (avant les Aztèques, bien avant JC) !
Exemples de calepins préformés :


Attention : il faut un minimum de savoir faire de bricoleur et quelques outils (assez courants) pour réaliser les "moules" que je vais vous présenter. Et surtout du temps de disponible pour la préparation : environ 1 minute 30" pour réaliser chaque calepin, pour seulement 15 à 20 secondes de gagnées par chargement. Mais avec, en bonus, du stress et quelques flyers en moins durant un match.
Avantages principaux : gain de temps au chargement et qualité du centrage.
En images :

La saisie simultanée du calepin et de la balle, leur pose et le centrage sur la bouche du canon ne prennent pas plus de 8 à 10 secondes ! Et le centrage est quasi automatique, même si il faut parfois l'aider un peu avec le bout de l'index.
Les matériaux utilisés :
Je n'ai utilisé pour réaliser ces calepins que :
- Du tissu de percale de coton (pur). Le percale a un tissage dit en "armature toile", c'est à dire croisé à 90° et où chaque fil passe alternativement dessus/dessous un seul fil perpendiculaire. C'est le tissage qui donne le maximum de solidité à épaisseur égale, et qui répartit le mieux cette résistance et les plis dans toutes les directions. Les tissages en sergé, satin, jacquard... sont beaucoup moins homogènes. Je privilégie les percales denses et à longues fibres ("égyptien") en épaisseurs de 0,13 à 0,30 mm.
- Du latex naturel, sous forme liquide et vendu pour la réalisation de masques pour "halloween". On en trouve quand même toute l'année sur certains sites de vente en ligne. Dilué à 20% un seul flacon de 15ml (5 à 10 €) peut imprégner des centaines de calepins ! Ce produit coagule (ou polymérise) en séchant, laissant un film ou une imprégnation de tissu qui reste souple mais garde relativement bien la forme de moulage.
Remarque : avant d'utiliser du latex j'ai essayé d'autres substances de mise en forme : l'amidon (trop rigide), le mastic silicone haute température (efficace mais anachronique), l'Alox (long à sécher)...
La réalisation des calepins en images.
Le poste de travail :

Les "moules" et leur support de démoulage :
Les moules sont des petits morceaux d'un tube d'acier doux (serrurerie), ou de cuivre (plomberie), qui ont été réalésés à un peu moins que le diamètre du canon concerné à fond de rayures. Par exemple 11,50mm pour un Tryon Pedersoli au calibre de 11,63mm. Un outil aléseur ajustable de qualité moyenne (10 à 20 €) est utilisable pour cela, avec une scie à métaux pour couper le tube en tronçons de 1,5 à 2cm de long, et une lime pour remettre les coupes à plat.
Des balles en plomb, au même calibre (ou très légèrement supérieur) que les balles qui seront tirées, forment le "moule" de formage interne. Si elles sont coulées en plomb durci elles se déforment moins à la longue.
Le support de démoulage est un tube un peu plus large, avec un évasement en cône ou petit rétreint si on veut que les "moules" tiennent bien dessus. Voir les photos ci-dessous.
La tige de démoulage peut-être réalisée en aluminium, avec si possible une tête concave hémisphérique pour ménager les balles lors du retrait du calepin moulé.

Les étapes de la réalisation des calepins :
Le ou les coupons de tissu sont d'abord découpés en bandes, puis en carrés (25x25mm environ).
Le latex liquide est dilué à l'eau dans une proportion de 1/5 environ.
1. L'imprégnation, le "moulage" et la découpe :
Cette étape est la même pour tous les nombres de "couches" de tissu possibles. Elle est ici d'abord présentée pour des calepins à 2 couches de 0,15mm d'épaisseur.

Variante avec 2 couches de tissus différents (0,27 + 0,15mm d'épaisseur) :

J'ai déjà réalisé des calepins à 2, 3 ou même 4 couches ! Avec seulement deux coupons de percale de 0,15 et 0,27mm d'épaisseur je peux obtenir des calepins de 0,15 / 0,27 / 0,30 / 0,42 / 0,45 / 0,54mm... d'épaisseur. C'est utile pour des armes d'époque à fort calibres et rayures très prononcées.
Croiser les trames (à 45° pour 2 couches, 30° pour 3...) améliore un peu la solidité et réduit l'épaisseur des plis.
2. Le "démoulage" :
On peut le réaliser après 1 heure de "polymérisation" (ou de coagulation) du latex.

On obtient à ce stade des calepins en "cloche" avec un rebord très réduit mais parfaitement utilisables tels-quels. Ils sont souples mais conservent bien leur forme, surtout quand le latex s'est complètement polymérisé, soit après plusieurs heures.
Il est aussi possible d'obtenir des rebords plus larges, pour des calepins en forme de "bob" ou même en "chapeau melon" qui se centrent encore mieux et pourraient (?) se séparer de la balle plus rapidement à la sortie du canon.

3. Facultatif : formation d'un rebord pour des calepins en "bob", ou en "chapeau melon".
Pour cette étape ma (dernière) technique utilise une petite plaque de mousse de polyuréthane HR creusée d'alvéoles hémisphériques au calibre des balles calepinées. Les creux sont pratiqués avec une meule corindon sphérique montée sur un outil type Dremel. En fait j'utilise les mêmes plaques pour stocker des lots de calepins préformés selon l'arme de destination.

Je dépose les calepins encore humides préformés en "cloche" de l'étape précédente dans les alvéoles et j'aplatis les bords qui dépassent avec une pince, le long de la balle de moulage, sur le dessus de la plaque de mousse. Puis j'enlève la balle à la pince. On peut s'arrêter là et laisser finir la polymérisation !
Je me suis aussi amusé à faire des calepins avec un rebord encore plus large, en forme de "chapeau melon", en plaçant un "couvercle" plat et assez lourd (300g) sur l'ensemble de ces calepins à bord étalé, et en laissant le reste de la polymérisation du latex agir 2 ou 3 heures.

Précisions sur les autres avantages obtenus :
- La solidité des calepins est améliorée par l'imprégnation du latex qui solidarise, de façon souple, les fibres entre-elles. En multi-couches le fait de croiser les trames répartit les contraintes dans tous les sens. Je peux ainsi récupérer mes calepins, quasi intacts et bien groupés, à quelques mètres du pas de tir. Il m'est même arrivé de m'en resservir !
- Les plis, à l'origine de possibles fuites de gaz, ne se forment qu'en nombre et relief limités sur les multi-couches (tissus plus fins). Ces plis sont en partie remplis de latex et surtout parfaitement visibles après le démoulage : les calepins trop ou irrégulièrement plissés peuvent être écartés pour un usage en match.
- Un tissu imprégné de latex est plus étanche à la traversée des gaz de propulsion. Il réduit aussi la pénétration du produit de lubrification vers l'intérieur si celui-ci a été badigeonné à l'avance seulement sur l'extérieur. Or un calepin se met toujours à tourner sur lui-même lorsqu'il est entraîné par la spirale des rayures mais si la balle, elle-même huilée, glisse trop à l'intérieur elle ne pourra pas suivre cette rotation. Et sans une bonne stabilisation gyroscopique la trajectoire à moyenne distance devient aléatoire.
Voilà : ces calepins sont un peu long à réaliser, la majorité d'entre-vous estimera que c'est trop !
Mais je trouve qu'ils apportent un plus dans le chargement de pistolets ou fusils à PN. Leur fabrication ne nécessite que peu d'outils spéciaux (moules, support et tige de démoulage), et ceux-ci peuvent être fabriqués par un bon bricoleur.
Alors si cela peut vous inspirer...