Un article de fond… de canon.
Suite à l’acquisition d’un nouveau jouet (un Scout Pedersoli calibre .45", acheté en Kit), j’ai attaqué la mise au point du chargement. Je me suis pour cela inspiré d’un texte du manuel Lyman sur la poudre noire. L’auteur de ce texte propose d’utiliser une tige lourde, introduite dans le canon en premier, pour ressortir une balle forcée, ou un couple calepin + balle. La tige lourde va agir par inertie, en bélier. On peut ainsi mesurer avec précision les calibres réels du canon (balle nue), mais aussi analyser les empreintes d’un calepin sur une balle. Et le calepin lui-même.
Je vous livre d’abord la traduction de ce texte, dans une autre version que celle déjà donnée par GMCCCKW352 sur ce forum. En prime j’ai remis les images avec des légendes en français !.
Le choix du couple balle – calepin. (Manuel Lyman)
La précision obtenue avec une balle sphérique tirée d’un canon rayé est basée sur un paradoxe : une balle sous-calibrée est mise en rotation par des rayures qu’elle ne touche jamais ! Le secret, s’il y en a un, réside dans l’usage d’une rondelle de tissu : le calepin. Il fonctionne comme un joint d’étanchéité aux gaz et permet, en théorie du moins, d’obturer complètement l’intérieur du canon. Il communique aussi à la balle l’effet de mise en rotation des rayures. Pour assurer ces deux fonctions le calepin doit remplir les creux des rayures. En d’autres termes il doit, dans des conditions de pression élevées, non seulement être en contact avec les reliefs, mais aussi remplir les creux des rayures. Une combinaison du calepin et de la balle qui épouse parfaitement les contours est une obligation pour assurer la précision, et une bonne épaisseur de tissu est nécessaire pour assurer une étanchéité parfaite.
Lorsqu’une balle parfaitement calepinée a été forcée dans un canon, elle doit montrer des empreintes de tissu sur la totalité de son pourtour, comme sur l’image de droite, en bas. Les empreintes sont alors légères au niveau des creux, et fortes là où le calepin à été au contact des reliefs.
Pour sélectionner un couple balle – calepin approprié la compréhension des relations entre le contour intérieur du canon et la balle est nécessaire. Le calibre de la bille doit être inférieur au calibre mesuré en haut des rayures du canon, et le tissu doit non seulement remplir les creux, mais aussi s’ajuster au niveau des reliefs pour permettre le glissement de la balle. Il faut suivre les suggestions du fabricant de l’arme concernant le calibre de la balle. Certaines marques proposent des balles de diamètres spécifiques, lors de l’achat d’une arme, ou dans un kit de composants adaptés pour celle-ci. La plupart des autres répliques ont des calibres haut de rayure standardisés, adaptés aux diamètres courants des balles commercialisées, comme .490 " , .495 " , .530 " ou .535 ".
Pour définir parfaitement le couple balle – calepin, il faut connaître le calibre du canon en haut des rayures.
Le meilleur moyen de le mesurer utilise une ogive ou un cylindre de plomb mou forcé qui va présenter l’empreinte des rayures sur sa périphérie. Il faut d’abord enlever le canon de la crosse. Puis introduire dans celui-ci un cylindre de laiton d’environ 30 cm de long, légèrement sous-calibré (10 à 11 mm de diamètre). Forcer dans la bouche, au maillet, l’ogive (ou le cylindre de plomb) sur-calibrée, et l’enfoncer sur environ 5 cm à l’aide d’une tige-poussoir en laiton. Incliner alors le canon bouche vers le bas, pour que le cylindre de laiton interne vienne percuter l’ogive. Répéter la procédure plusieurs fois jusqu’à l’éjection de l’ogive. Celle-ci portera alors l’empreinte exacte du canon. A l’aide d’un pied à coulisse précis, on peut maintenant mesurer le calibre en haut des rayures (du canon), et celui au fond des rayures. Par exemple : .503" (12,78 mm) et .526" (13,36 mm). (Remarque du Traducteur : diamètre fond de rayure pas facile à mesurer en cas de nombre de rayures impair).
Nous savons que la balle doit être plus petite que le calibre haut de rayures, alors le meilleur choix est ici une balle de .498" (12,65 mm).
Avec cette balle correctement sous-calibrée de .005" (0,13mm), nous pouvons alors déterminer l’épaisseur du calepin nécessaire pour remplir les creux des rayures.
(RemDuTrad : le calepin devra donc s’écraser jusqu’à 0,065 mm au niveau du haut des rayures, ou le plomb se creuser à ce niveau, ou les deux)
Calibre au creux des rayures : .526"(13,36mm)
Diamètre de la balle : .498" (12,65 mm)
Différence : .028" (0,71 mm)
En prenant la moitié de cette différence on obtient l’épaisseur minimum du calepin : 0,014" (0,36 mm). Il y a en effet une épaisseur de tissu de part et d’autre de la balle, d’où la division par deux de l’écart entre les diamètres.
En pratique il est préférable de se procurer un tissu quelques millièmes d’inch (3 à 6 centièmes de mm) plus épais, car le tissu lubrifié va se compresser lors du chargement.
L’expérimentation avec l’arme peut maintenant commencer. On peut jouer sur la charge de poudre, les méthodes de nettoyage, le calepin ou d’autres facteurs. Cela fait partie des joies de la poudre noire. Mais ne changez qu’un seul paramètre à la fois à chaque expérimentation, pour relier facilement la cause au résultat.
Lyman conseille d’utiliser seulement des tissus de fibres naturelles, à l’exclusion des fibres de synthèse, même mélangées. Certains synthétiques peuvent fondre avec les températures atteintes, d’où une chute de la précision et des dépôts dans le canon.
En outre, Lyman déconseille les coupelles ou systèmes de calepins en plastique, car une mauvaise utilisation accidentelle peut être dangereuse. Restez sur les calepins en tissu.
Remarques perso sur la technique utilisée dans ce texte :
- Cette technique d’extraction à la tige bélier s’applique aussi bien avec des balles nues que des balles calepinées. L’examen des empreintes sur les balles est instructif dans les deux cas. L’état du calepin également : s’il commence à se déchirer, canon propre et hors tir, ce n’est pas bon signe !
- L’idéal serait de faire aussi des tests canon encrassé, donc en alternance avec des tirs dans un stand. Mais bonjour l’organisation !
- On peut aller jusqu’à simuler un tassement de la balle et son calepin contre la tige. Mais dans ce cas la balle est coincée contre la tige lourde, ou éventuellement contre une bourre compacte (surtout pas de semoule, qui bloquerait la tige). Il faut alors, pour amorcer le va et vient de la tige, d’abord taper la bouche du canon sur une planche.
- Les efforts qu’il faut effectuer pour ressortir la balle (ou la balle et le calepin), donnent une bonne idée de la résistance qu’elle va (ou qu’ils vont) offrir lors du départ du coup. Et cette résistance est indispensable pour assurer une combustion pleine et régulière de la poudre.
- Il y a intérêt à façonner l’extrémité du tube à la forme de la balle (creux hémisphérique) pour que les coups de boutoir à l’extraction ne la déforment pas trop. Sinon la balle peut s’aplatir et gonfler à l’extraction, ce qui fausse les mesures et les constatations.
- J’utilise pour ma part un tube de cuivre "plomberie" dans lequel j’ai coulé du plomb. Mais le plomb se décolle à la longue. J’ai donc rajouté un peu de mastic silicone armé de tissu, sur 1cm (au contact de la balle, en amortisseur), et ça ne bouge plus.
- Avec un pistolet on peut utiliser une tige de 6 à 8cm de long seulement.
- On doit pouvoir utiliser un extracteur au CO2, branché sur la cheminée. C’est même probablement mieux car le cul de la balle n’est alors pas martelé. Mais je n’en ai pas, et les recharges ne sont pas gratuites ! Surtout pas d’extracteur à vis, qui fait gonfler la balle (sauf pour mesurer les calibres).