"« Malgré les malheurs du temps, j’avais été tour à tour pharmacien, distillateur, limonadier, ébéniste, horloger, enfin armurier. Dans les commencements de la Révolution, on avait établi dans le vaste bâtiment du Grand Commun ou cuisines de la Cour, une fabrique d’armes qui occupait plusieurs milliers d’ouvriers. Je fus mis en réquisition pour la fabrication des armes et travaillais dans le cabinet du directeur Boutet…. Un jour, le Premier Consul vint visiter la manufacture d’armes de Versailles. En maniant des pistolets à piston à double détente, au banc d’épreuves, le coup partit avant qu’il n’eut ajusté et manqua de tuer le Directeur Boutet, la balle traversa sa redingote et lui écorcha les reins. Bonaparte vint ensuite dans le cabinet du Directeur, ou je finissais une paire de pistolets à l’écossaise qui devait faire partie d’un nécessaire destiné au Premier Consul. Il défit ses gants pour examiner mes pistolets, et ce ne fut que lorsqu’il fut parti que je m’aperçus qu’il les avait oubliés sur mon établi…. »
l’ouvrier Jean-Michel Le Chevalier,