J'ai émis des réserves sur la précision des pistolets de luxe construits avant tout pour l'usage "duel", car les combattants n'avaient pas toujours une grande pratique du tir. Avec l'excitation, la peur aussi, un stecher pouvait faire tirer de façon prématurée et n'importe où. Pour les distances habituelles (10 à 15 pas entre les protagonistes) la hausse réglable en hauteur ne servait pas à grand chose, la "cible" étant assez importante en taille. Il fallait tirer vite et toucher le premier, n'importe où, pour la majorité des duels codifiés. Mais certains pistolets de tir, livrés en paires (ou pas), pouvaient aussi être utilisés dans un duel.
Comme Siber 69 le signale, on ne peut pas retuber un canon en restant en catégorie "original". Par contre les modifications d'organes de visée sont possibles, mais bien encadrées.
Pour les réparations il y a aussi des tolérances, et des limites écrites dans le règlement MLAIC. Ainsi :
4.7.B.d.) :
"Pour les réparations, les matériaux traditionnels tels que les chevilles en bois, la colle animale et la sciure de bois utilisés par les armuriers contemporains seront utilisés en priorité. L'utilisation d'adhésifs modernes est autorisée pour rétablir le fonctionnement de l'arme, mais interdite pour le « bedding » des canons ou pour conférer aux armes une précision supérieure à l'origine."Il y a donc, par exemple, la possibilité d'utiliser une colle moderne pour réparer une cassure de crosse, ce qui "
rétablit le fonctionnement" en gardant une sécurité suffisante, mais un "
bedding" (couche de jointement du canon sur la crosse) ne peut se faire qu'avec des produits déjà utilisés à l'époque.
Un exemple de "remise en état de tir" d'un pistolet d'artisan belge sans aucune "marque" rajoutée par un revendeur :

La crosse avait été cassée au niveau de la poignée (et recollée, mais avec quelles solidité ?), la crête du chien manquante, la clavette branlante, le stecher en panne, la cheminée un peu tordue et à tuber ou changer... Mais l'intérieur de canon s'est avéré, un fois nettoyé, très correct, avec des rayures fines peu profondes.
Pour un prix qui m'a semblé "raisonnable" :

Sur un bon appui il est maintenant capable de tenir le 10 de la C50 à 25m.
Mais :
- Il y a toujours un risque à acheter une arme ancienne, qui parait réparable, mais sans pouvoir estimer l'état de l'intérieur du canon. Et un canon dont les rayures sont très abîmées en sortie de chambre ne sera jamais, à mon avis, précis (trop de fuites de gaz). J'ai eu le cas. Près de la bouche c'est rattrapable, en partie.
- La mise au point d'un chargement de précision est parfois difficile. Des rayures très prononcées imposent des calepins épais et solides. Les calibres des canons "d'époque" nécessitent parfois, avec les calepins les mieux adaptés, des balles de dimensions hors standards. Par exemple pour les miens .407", .415" ou .448" : j'ai dû "agrandir" trois moules alu pour sortir ces balles.
A mon avis donc, acheter un original "pas cher" pour attaquer la discipline Kuchenreuter est risqué. Il faut bien assimiler les règlements, savoir bricoler et avoir une bonne expérience en rechargement. Mais tout est possible !
Bravo pour tes premières recherches sur le Net, Jeromectc : je ne connaissais pas ces vieux bouquins !