Bonjour à tous,
je viens de rentrer un fusil plutôt rare :
C'est un Fusil de Voltigeurs de la Garde Impériale Modèle 1854, le premier fusil réglementaire rayé pour l'infanterie. (hormis les carabines et fusils de remparts, armes fabriquées en petites quantités pour les bataillons de Chasseurs et pour les opérations d’Afrique)
Il mesure 1,42 m, et son canon 1,03 m. Calibre 17,8 mm.
Munition : la cartouche Mle 1854 (charge de 4,5 grammes de poudre à mousquet, balle à jupe Mle 1854.)
Sur la queue de culasse est fixée une hausse fixe pour la distance de 300 pas (200 mètres)
Il est équipé de sa baïonnette Modèle 1847 N dont le diamètre de la douille est de 22,4 mm.
Bretelle Mle 1860 (réplique)
Les fusils Mle 1854 sont rayés de 4 rayures de 7 mm de large au pas de 2 mètres.
Leur profondeur est progressive de 0,5 mm à la culasse jusqu'à 0,1 mm à la bouche.
En effet, on pensait alors que le rayage d'un canon risquait de le fragiliser. D'où une profondeur décroissante.
Plus tard, notamment après la campagne de Crimée ou nous combattions aux côtés des Anglais (équipés de l'excellent Enfield Pattern 1853 rayé, calibre 577), on s'est rendu compte qu'il n'en n'était rien : les fusils 1857 seront rayés d'une rayure de profondeur uniforme, ainsi que les anciennes armes lisses mises en rayure dès 1858-59, les fusils 1822Tbis, 1842T et 1853T.
Les fusils de la Garde sont également les premiers à tirer une balle cylindro-ogivale à jupe creuse, la balle modèle 1854. Dessinée par le Cne Minié, cette balle permet aux fusils rayés d'approcher les performances des carabines, c'est à dire capables de tirs précis au-delà de 150 mètres. La Vo de cette balle est de 325 m/s.
Pour rappel, au même moment, l'Infanterie de Ligne est toujours équipée de fusils lisses tirant une balle ronde aux performances identiques à ceux de Fontenoy (1745) et d'Austerlitz (1805) : fusils Mle 1822 T et fusils Mle 1842. Les fusils Mle 1853 tirent un projectile spécifique, la balle semi-sphérique Nessler aux performances légèrement meilleures que les balles rondes. Seuls quelques milliers de fusils carabinés, Mle 1853 Tcar (et 1842 Tcar), seront rayés comme les 1854 pour la campagne de Crimée.
Extérieurement identique au fusil Mle 1853, le fusil de la Garde s'en distingue par son canon rayé et par sa monture en noyer sélectionné.
La Garde Impériale conservera ses fusils 1854 jusqu'en 1867 et 1868 pour les échanger contre le fusil Mle 1866 Chassepot.
Les armes Mle 1854 sont les dernières spécifiquement dédiées à la Garde Impériale.
Voici quelques photos.
Le fusil mis à côté de mon 1853 TCar, deux armes quasi identiques et qui serviront ensemble en Crimée :
Vue de la platine de la Manufacture Impériale de Mutzig. A noter une réparation récente à la résine (juste devant la platine)
Une enture ancienne, réglementairement poinçonnée E.
Vue du côté gauche, la masselotte, la hausse fixe et le chien, le n° matricule et les poinçons de contrôleurs :
La queue de culasse et le modèle du fusil gravé entre la vis de culasse et la hausse :
La droite du tonnerre avec le millésime de fabrication 1855 et les initiales MI pour Manufactures Impériales, la cheminée sur la masselotte :
Le logement de la platine, la vis à ergots de fixation de la platine n'est démontable que par l'armurier de l'unité.
Remarquer la goupille de fixation du battant de bretelle :
L'intérieur de la platine du modèle de 1847, on retrouve le n° 21 apposé sur les différentes pièces, ce n° est celui de l'ouvrier platineur ayant fait et assemblé cette pièce. On remarque la compacité et la simplicité mécanique de cette platine.
L'ensemble sous garde - pontet et le battant de bretelle. La sous-garde avec le crantage des doigts est une survivance des armes 1777 :
La crosse vue de gauche, le n° de réparation (92) et le matricule 330 :
La crosse vue de droite, le macaron de réception de l'arme :
Le macaron de crosse, cheville MI (Manufactures Impériales) et millésime Octobre 1855 :
Le rayage du canon, 4 rayures de G à D au pas de 2 mètres. Mesures à la bouche en mm :
- entre 17,71 et 17,75 au plat des rayures.
- entre 17,88 et 17,91 en fond de rayures.
Il s'agit d'un canon quasiment neuf sans aucune usure. La photo ne le rend pas, mais c'est vraiment miroir.
La bayonnette à douille modèle 1847 N :
Pour finir, voici bayonnette au canon le fusil de la Garde à côté de 1853 TCar (faire gaffe aux lustres) :
Voila.
Ce fusil prend naturellement place dans ma collection, à côté de son collègue de Crimée, le 1853 TCar des Zouaves et de la Carabine 1859 de Camerone. Armes magnifiques et chargées d'histoire.
Avant de l'emmener au pas de tir, il me faudra faire faire un recalibreur pour le moule 1854 que j'ai fait aux mesures de mon fusil 1853Tcar. Son canon est assez usé, de sorte que les ogives sortent trop larges pour entrer dans le canon du 1854.
Pour rappel, voici le profil de la balle Mle 1854 :
A bientôt