Bonjour à tous.
Ma collection, jusqu'à présent consacrée aux armes réglementaires, vient de recevoir - histoire de trouver une exception à la règle - un nouvel objet :
C'est un fusil juxtaposé à percussion centrale, bascule type Lefaucheux, calibre 16. Vers 1880-90. Fabrication française.
Rien que de très banal.
Pas tant que ça.
Car ce fusil est une arme faite avec des canons en damas, c'est à dire une barre faite d'aciers de différentes teintes soudés en enroulement autour d'un mandrin. Les canons damas étaient (et sont toujours) réputés pour leur solidité en même temps que leur aspect très spécifique.
Les canons sont signés BERNARD sur la bande et BERNARD CANONNIER sur la table de bascule.
Les platines portent la signature d'un certain DESAGAT Art (isan).. armurier établi à Nîmes.
Très élégant, relativement fin et très léger, c'est probablement une arme d'adolescent ou de femme.
Ce fusil est mécaniquement intéressant, les chiens frappant les percuteurs à la perpendiculaire des canons et non pas obliquement comme souvent.
A l'abattu, les chiens sont munis d'une sécurité très simple qui les empêche de frapper les percuteurs. Ces chiens rebondissants ne peuvent atteindre les percuteurs que lorsque la détente correspondante reste appuyée. Ce système permet d'éviter tout tir accidentel : chute du tireur ou du fusil, accrochage d'un chien ...
La forme des culasses en chapeau chinois est très particulière, de même que la taille des têtes des percuteurs.
La bascule est du type Lefaucheux, à clé formant devant, du coup, il n'y a pas de longuesse sur cette arme.
Le mouvement d'ouverture est assez raide, mais la fermeture est franche, il n'y a absolument aucun jeu.
L'ouverture provoque l'action des extracteurs.
Sous la clé d'ouverture se trouve la clé de démontage des canons. Là aussi, pas de jeu, un assemblage nickel.
L'arme est en très bonne condition, les canons damas couleur chocolat, crosse en noyer, bascule et platine en fer décorées de filets en laiton.
Seuls "défauts", une faiblesse du ressort du chien droit et petits chocs au canon gauche.
A mon avis, l'arme est tirable, bien entendu en n'utilisant que des cartouches chargées en poudre noire et uniquement de la grenaille de plomb.
Voici le reportage qui s’impose.
Le fusil vu de gauche. Apparemment, l'arme est identique des deux côtés. Sauf que la crosse est légèrement décalée vers la droite afin de faciliter la prise de visée.
La bascule ouverte, l’extracteur sorti. Notez que les chiens sont à l'abattu et ne touchent pas les percuteurs.
Remarquez le décor de filets de laiton doré sur les platines et la bascule.
Canons démontés, on voit bien la forme en chapeau chinois des culasses. Les chiens sont armés.
La signature de l'artisan canonnier sur les canons.
La table des canons vue de dessous. A nouveau la signature BERNARD CANONNIER
Gros plan sur les canons pour visualiser l'enroulement damas.
Les platines vue intérieure. On remarque que les noix ont un cran d'armé (en bas) et un cran d'abattu (en haut). Lors du tir, la gâchette s'efface et le ressort entraîne la noix au-delà du cran d'abattu : le chien vient frapper le percuteur.
Même vu de dessous, l'arme est magnifique.
La plaque de couche et son élégant retour.
Les marquages sur les platines : DESAGAT Artis.. et A NÎMES
A bientôt