voici une série de pointes de flèches et de carreaux d'arbalète, toutes en fer forgé, probablement des XIIe et XIIIe siècle.
Ces pièces ont été fouillées en Alsace, dans les éboulis des châteaux de Ramstein et d'Ortenberg, près de Sélestat.
De gauche à droite, deux carreaux d'arbalète, une pointe de flèche perce-maille et une pointe de flèche ordinaire.
Les carreaux tirent leur nom de ce qu'ils ont toujours une section carrée, une pointe très lourde, trapue, faite pour percer le plastron d'une cuirasse.
La pointe de flèche de section carrée est une pointe perce-maille, elle est un peu plus lourde que la pointe ordinaire et surtout sa faible section lui permet de passer "en force" les maillons des hauberts de mailles.
La pointe de flèche "ordinaire" à droite possède une section aplatie aux bords coupants, dangereuse sur une cible non protégée mais inopérante sur une pièce d'armure ou un haubert.
Sur les pointes de flèches, on distingue bien la douille qui permet de fixer la tige de la flèche. Les carreaux avaient aussi une douille, disparue sur ces spécimens.

Les carreaux d'arbalète vus de la pointe.
On voit bien la pointe en diamant, courte et trapue, conçue pour pénétrer le fer d'une cuirasse ou d'un casque.

Je précise que les carreaux d'arbalète étaient aussi poétiquement désignés viretons ou dondaines.
L'arc et l'arbalète étaient des armes redoutables et surtout qui permettaient de frapper de loin.
L'arc avait l'énorme avantage de ne coûter qu'une infime fraction du prix d'une épée.
En Angleterre, tous les hommes non nobles en âge de se battre étaient obligés de s'entraîner au tir à l'arc chaque dimanche. Cette disposition a permis à l'armée anglaise de disposer d'une force de plusieurs milliers d'archers entraînés.
Lors de la bataille de Crécy, la charge de la chevalerie royale fut sous le tir des archers pendant environ 10 minutes ... on estime qu'à ce moment, les français recevaient jusqu'à 72.000 flèches par minute, tirées entre 50 et 300 mètres ! Lorsque le tir des archers prit fin, les survivants se jetèrent au corps à corps ... et furent anéantis. Ils venaient de perdre quasiment tous leurs chevaux et la moitié des combattants était au sol. Hormis quelques barons et princes du sang, les blessés furent égorgés sans pitié.
L'arc anglais avait battu l'Ost et la chevalerie française fut décimée.
A bientôt.