Bonjour à tous,
Après avoir utilisé quelques revolvers à canon court, voici mes premières impressions. Il s'agit des Pietta 1863 Pocket en calibre 31, Pietta 1860 Shériff Snubnose en calibre 44 et Pietta 1862 Pony Express en calibre 44. Commençons par le plus petit.
1863 Pocket : il mérite bien son nom car c'est le seul des 3 qui tienne véritablement dans une poche. Très petit, il ne pèse que 500 g. C'est une carcasse fermée avec un barillet de 5 coups et un canon de 3 pouces 1/2. Le chien est rétractable. En dépit de sa petitesse, il dispose d'un refouloir. Toutes les clefs ne sont pas compatibles avec ses petites cheminées, même celles dites "universelles". Question balles, on est un peu limité. En calibre 31, on trouve essentiellement du 315. De toute façon, je pense qu'il ne vaut mieux pas trop forcer au risque d'endommager le petit refouloir. Je ne connais pas de presse compatible avec cette taille.
La facture est un peu grossière. Les chambres ne sont pas creusées de façon identique. Parfois il faut utiliser le refouloir, parfois on pousse simplement le plomb avec le doigt (défaut constaté chez un autre tireur).
Chargement : peu de place dans les 5 chambres. Maximum aux alentours de 0,6 g de poudre. Mieux vaut optimiser avec de la poudre vive, style PNF4. La poignée est petite mais il se tient assez bien. Le recul est sensible, du fait de son très faible poids.Malgré tout, la puissance est anémique. Des mesures au Chrony on constaté une vélocité inférieure à 200 m/s, pour une énergie cinétique qui n'a jamis dépassé 60 joules et une quantité de mouvement de 0,6 kgms. La QM est le facteur premier de la puissance d'arrêt. Elle devient significative vers 2,2 kgms. On voit mal dans ce cas qui cela pouvait arrêter, surtout si l'on considère que les voyageurs du XIXème siècle portaient des vêtements épais.
Question précision, c'est la cata. Même à 10 m il est difficile de toucher la cible. Contrevisée de 40 cm sous la C50! A noter que c'est une faiblesse de la marque Pietta. J'ai vu un collègue tirer avec le même modèle en version américaine (marque Colt) et il touchait la cible sans problème à 25 m.
En conclusion, quand on a tiré une fois, on s'en est déjà lassé. Impossible de faire du tir avec et trop faible pour une arme de défense.
1860 Yank Shériff Snubnose : un peu plus gros que le précédent, il fait 900 g et tire 6 balles en calibre 44. Il est limite en taille pour tenir dans une poche. Ce n'est donc pas un "pocket". Il parait que c'était l'arme de la police secrète des Mormons au XIX ème siècle. Je ne savais pas que les Mormons avaient une police privée, qui plus est secrète et de surcroît utilisant tous un revolver standardisé comme n'importe quelle armée. Je me demande si ce n'est pas encore une rumeur internet qui se reproduit à l'infini par copier-coller. On retrouve la même phrase sur tous les sites marchands. Ce snubnose est fournit avec un tube en laiton pour enfoncer les balles car le canon de 3 pouces est trop court pour porter un refouloir. Ce n'est pas très pratique mais ça nous rappelle le pistolet. Et puis les tireurs PN ne sont pas pressés. Il accepte des balles en 451 et 454. Les cheminées sont compatibles avec la clef universelle. La poignée est bien sûr petite mais elle est très agréable grâce à son quadrillage et à sa forme en bec sur laquelle on peut laisser reposer le pouce si on veut. On l'a bien en main, mieux que le Pocket. Les chambres sont régulières et assez profondes. Le barillet dispose d'ergots entre chaque cheminée. Le chien peut ainsi être bloqué en sécurité entre deux chambres, ce qui permettait aux utilisateurs de l'époque d'avoir l'arme chargée sur soi avec six coups. J'ai pu charger jusqu'à 2,45 g de poudre. Le corollaire est que la puissance est au rendez vous, malgré la petitesse du canon. Pour une charge de 2 g, on obtient une vélocité de 250 m/s (le minimum efficace doit se situer vers 220) pour une énergie cinétique de 275 joules et une QM de 2,2 kgms. Ce devait donc être une bonne arme de défense.
En terme de précision, le Yank Shériff est nettement plus intéressant que le Pocket. Malgré son canon très court, on reste très précis à 10 m. A 25 m, ça étale un peu, mais une fois trouvée la contrevisée assez basse (bas de cible un peu à gauche) j'arrive à tenir à peu près le noir. Un bon tireur doit pouvoir faire mieux encore. Je considère qu'à la différence du modèle précédent, ce n'est pas seulement une arme de collection. On peut faire du tir avec et y trouver du plaisir.
1862 Police Pony Express : c'est en gros un 1860 en carcasse laiton avec un canon de 5 pouces 1/2. Je l'ai choisi car je cherchais une arme au poids léger mais un peu plus précise que la précédente. Avec ses 1,1 kg, il est beaucoup plus agréable à tenir que mon Walker qui pèse le double. On peut ainsi rester en joue à bras franc quelques secondes sans fatiguer. Sa crosse est de taille raisonnable mais plus petite que les modèles classiques. On peut le tenir à pleine main ou avec 3 doigts, l'auriculaire venant en soutien à la base de la poignée. Les chambres acceptent plutôt du 451. J'ai essayé avec du 454 mais c'était très dur et j'ai eu peur de fausser le petit refouloir. Ce dernier a tendance à mordre dans la main et le chargement finit par être un peu douloureux. Les chambres étant très légèrement plus étroites que sur le Yank Shériff, elle ont moins de contenant. Avec 2,45 g, je débordais. Je n'ai pas calculé le volume max admissible mais il doit tourner autour de 2-2,2. Les cheminées acceptent la clef universelle.
Question tir, il est très agréable. Belle sensation de poussée, même avec 0,9 g. Sans doute dû à son poids encore léger. Sur le Walker, 0,9 g, c'est poussif. Ici, on a un vrai recul. Donc pas besoin de charger fort pour avoir un peu de sensations. La précision est très correcte. La bonne contrevisée se fait dans le 6 à 5 heures, ce qui est acceptable. Sur mon Walker, la contrevisée se fait hors cible, il est difficile d'être régulier. Je n'ai tiré qu'une seule fois avec ce Pony Express. Une fois trouvée la bonne contrevisée, j'ai enchaîné plusieurs 9 et 10. Ca ne peut pas être juste le fruit du hasard.
En conclusion, ces petits revolvers à canon court sont tout à fait plaisants. Le Pocket est plus pour faire joli sur un mur. Le Yank mérite d'être sorti de temps en temps pour faire du tir. Le Pony est adapté pour du tir régulier à bras franc. Il a l'avantage d'être très léger tout en restant précis. Seul bémol, ces armes ont des organes de visée très petits. Moi, à 50 ans, je commence à avoir du mal à aligner le petit guidon dans la microscopique échancrure du chien. C'est à ce niveau que je vais être limité.