Bonjour à tous,
Après plusieurs semaines passées dans mon atelier à subir différentes opérations, ma carabine cantonale Suisse a repris vie et a pu goûter de nouveau aux joies de la poudre.
J’avais acheté cette arme il y a quelques mois et après l’avoir testée au stand « dans son jus » après simplement quelques vérifications d’usage et une charge progressivement augmentée jusqu’à sa valeur nominale, je me suis lancé dans une véritable rénovation.
Voici comment était l’arme au départ :
L’arme était complète mais avait souffert des outrages du temps et des manipulations parfois peu délicates :
La platine conservait une jolie gravure mais l’intérieur a révélé un ancien jaspage qu’il fallait renouveler :
Le bois était joli mais souffrait d’un ou deux petits fels pas méchants, ainsi que de nombreux coups sans gravité mais disgracieux :
Le canon, initialement bronzé, est en acier damas dont la beauté ne ressortait plus, sous un mélange d’oxydation et de patine inhomogène :
Des inscriptions en or magnifiques, à protéger lors de la rénovation bien entendu :
Voilà, maintenant au boulot !
On commence par tout démonter et là, ouf, pas de mauvaise surprise genre pièces bloquées, fortement rouillées ou cassées.
La bonne surprise est que toutes les pièces sont « matching number », on retrouve le numéro frappé sur chaque pièce :
Voilà les fameuses traces de l’ancien jaspage, côté interne de la platine :
J’ai décidé de passer toutes les pièces en métal dans un mélange de ma composition qui permet de réduire les oxydes sans attaquer le métal en profondeur.
Après avoir utilisé pas mal d’huile de coude (un excellent produit) et de la laine d’acier N°00, voici le résultat :
Arrive alors le moment de refaire le jaspage : j’ai utilisé la bonne vieille technique de la plaque de métal sur le gaz. J’ai essayé aussi la technique dite de la boite, mais sans résultat probant :
Le résultat est plutôt sympa :
Avant de traiter le canon, j’ai protégé les inscriptions en or, en utilisant un vernis qui a été enlevé ensuite avec peu d’acétone :
Voilà le canon dans son état de départ :
Et voici le résultat après quelques passages du produit :
Comme vous pouvez le voir, j’ai ajouté un scotch sur la zone des inscriptions, deux précautions valent mieux qu’une. J’ai ensuite traité au pinceau la zone « délicate », ce qui permet d’éviter toute coulure.
Pour le bois, les logements de certaines pièces sont grattés et repris lorsque nécessaire. Les petits inserts en métal sont désoxydés puis remis en place :
A l’avant, se trouvait le plus gros du travail à réaliser : un fel assez ancien et plutôt classique sur ce genre de fut long. Une réparation plutôt grossière ou plutôt un camouflage avait été tenté avec un mélange de sciure de bois et de cire teintée :
Bref, moche et à reprendre entièrement.
J’ai commencé par décirer le bois et virer toute cette saleté qui servait à colmater la fissure :
La partie avant est en corne, je me suis donc mis en quête d’un morceau pour réaliser une enture homogène. J’ai fini par trouver sur Internet un site spécialisé dans les fournitures pour couteliers, et ainsi obtenir de la corne d’une teinte assez neutre. J’ai commencé par couper une buchette, que j’ai ensuite façonnée à la lime et au ciseau à bois :
Par retouches successives j’ai fini par obtenir un raccord parfait avec la pièce en corne d’origine. Une technique identique m’a permis de réaliser l’enture en bois à partir d’une pièce de noyer :
Restait alors à refaire le bronzage du canon et de ses accessoires (guidon, hausse, …), ainsi que de toutes les pièces en métal et rénover la crosse. J’ai donc décapé entièrement la crosse pour enlever les quelques traces de gomme laque d’origine qui restaient par ci par là ainsi que toute trace d’huile ou de cire. Ensuite, par la technique de la patte-mouille (fer à repasser + linge humide) j’ai récupéré tous les coups présents sur la crosse, un travail de patience (comptez 2-3 minutes par coup) mais payant vu le résultat (j’en étais moi-même étonné).
Après un passage à la laine d’acier N°00 (on ne ponce surtout pas une crosse d’origine !) je me suis lancé dans la réfection d’un vernis gomme-laque conforme à l’origine. Là ce fut long car j’ai eu du mal à trouver de la gomme-laque véritable. Celle que j’ai trouvée était en pastilles à dissoudre dans de l’alcool mais elle était assez impure, j’ai donc dû la clarifier plusieurs fois et la traiter pour la décirer. Ensuite il y a la technique du vernis au tampon et là encore j’ai mis du temps à bien maîtriser. Contrairement à ce qu’on peut lire, il ne s’agit pas d’étaler le vernis avec un tampon et d’arrêter dès que ça accroche un peu. Il faut au contraire mettre très peu de vernis sur le tampon, frotter et insister dès que ça commence à accrocher car c’est là qu’on forme la véritable couche de gomme-laque en tirant le vernis. C’est fatigant pour les bras et il faut pas moins de 10 couches pour un résultat homogène. L’astuce finale consiste à passer un polish fin (du talc avec de l’eau peut faire l’affaire, moi j’ai utilisé un produit pour carrosserie) et on obtient (si on a bien travaillé) une crosse brillante comme un miroir.
Pour le bronzage du canon et des pièces en métal, j’ai utilisé un produit « à froid » et là encore il faut plusieurs couches pour un résultat optimum. Un coup de laine d’acier 00 pour finir et les pièces sont fin prêtes.
Après remontage et graissage de toutes les pièces, voici le résultat :
Et à la cible me direz vous ? Eh bien jugez par vous-même, 50m en balle ronde calepinée, sur appui, 5 balles tirées :